Où et quand une chose se termine-t-elle et une autre commence-t-elle ?
J'avais imaginé des lignes floues, mais j'ai vite compris que tout semblait clairement défini : le ciel au-dessus touchant l'horizon, l'océan en dessous avec des profondeurs inimaginables.
Je ne connais rien à la voile, enfin, peut-être que maintenant, après 10 jours, un peu. Les frontières. Nous en avons déjà croisé plusieurs, naviguant le long du courant nord-équatorial, doucement poussés par les alizés, porteurs de chants et d'histoires de siècles. Frontières des fuseaux horaires, rifts et plateaux océaniques, zones et coordonnées météorologiques, latitudes et longitudes, autant de mesures réalisées par l'homme, qui nous aident à ne pas nous sentir perdus. Je suppose que c'est cette connaissance, ces marquages qui nous donnent l'illusion de contrôle ?
Le jour et la nuit semblent peints comme un conte de fées. Comme l'a observé l'une des sirènes intrépides à jambes lorsqu'elle montait sur le Royal en fin d'après-midi : un côté du monde est encore embrassé par le soleil, tandis que l'autre est déjà plongé dans l'obscurité.
Chaque fois que je veille à 2 heures du matin, lorsque la nouvelle lumière du matin baigne l'océan noir d'un argent envoûtant, je demande « Les lignes de pêche sont sorties ou pas ? ». J'obtiens différentes réponses : « non, nous avons déjà mangé du poisson hier », « Oui, je peux manger du poisson tous les jours ». Pas besoin d'attendre une décision, lorsque Dani prend le relais suivant, les files d'attente se coupent. Après tout, comment ne pas profiter du Mahi-Mahi super frais et délicieusement préparé par notre talentueux cuisinier ?
Oh, au fait : une orque est passée et nous a dit bonjour. Et la prochaine fois qu'on verra autant de jets un peu trop loin, dit le capitaine, on fera un jyb. Nous voulons savoir : s’agit-il de rorquals communs, de cachalots, de rorquals bleus ou de globicéphales ? Pas de lignes floues ici. La curiosité reste l'essence de l'exploration.