Pendant que l’autre partie de mon équipe de surveillance a commencé à fabriquer un ditty bag (tar bag) – qui contient presque toutes les techniques de corde et de couture – j’écris quelques mots pour ceux qui sont restés chez nous et ceux qui sont intéressés par notre voyage.
Après quelques jours d'acclimatation en République Dominicaine, j'embarque à bord du navire. La cale n’était pas encore remplie à l’époque, mais grâce à des efforts conjugués, des tonnes de fèves de cacao et de fûts de rhum y furent hissés. Ce dernier bénéficie notamment de ce vieillissement dit dynamique ; les fèves fermentées doivent rester sèches.
Pour continuer avec l'équipe de veille, elle est composée de 5 personnes. Nous effectuons un planning de 3 x 4 heures à partir de 20h et de 2 x 6 heures à partir de 8h. Cela signifie qu'il y a toujours un équipage prêt pendant que l'autre équipe essaie de trouver la paix. Nous avons quitté Boca Chica il y a une semaine avec un groupe international. Nous avons eu quelques retards mais nous naviguons désormais vers l'océan Atlantique avec les 11 voiles hissées. Les cordes anti-tempête ont été retirées ce matin car la mer est désormais également devenue plus calme. Un cap au près nous envoie vers le nord, si nous entrons dans une autre zone de pression dans quelques jours nous pourrons naviguer plus à l'est avec plus de vitesse.
Hier, nous avons eu à table un invité inattendu, un barracuda qui avait été tenté de mordre dans un caoutchouc jaune suspendu au bateau.
Ce poisson prédateur d'environ un demi-mètre était frais dans notre assiette exactement 2 heures plus tard en accompagnement supplémentaire.
L'anglais est aussi la langue à bord, avec laquelle il a fallu un certain temps pour s'habituer avec certains ordres : « préparez-vous à virer de bord » ou « sortez du mou ». Toutes les lignes sont un défi, pas de lignes colorées comme sur un yacht de plaisance, ici tout est de couleur ocre et il y a des dizaines de lignes accrochées des deux côtés du navire. Je laisse de côté comment ça se passe la nuit.
Outre la vue sur la mer et le ciel, la nourriture est le point culminant de la journée que moi et d’autres attendons avec impatience à chaque fois.
Pas d'alcool bien sûr, mais ça ne me manque pas. Les derniers jours, nous avons eu la pleine lune. Quand le navire vire de bord et que vous levez les yeux pour voir si la voile se replie bien et que vous voyez les étoiles se profiler devant vous, non pas des dizaines mais des centaines, comme si vous écartiez un rideau, c'est un si beau moment de bonheur.
Acclamations!
Cas W.