14 janvier 2021
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Tres Hombres

Tres Hombres en Martinique (par Charles Barker/matelot de pont)

C'est vers l'heure du déjeuner, le Tres Hombres est amarré dans la marina du Marin, en Martinique.

Nous venons de traverser l'océan Atlantique, et nous voilà en train de décharger du vin que nous avons ramené de France, ainsi que quelques fûts vides à remplir de rhum. Mon travail de la matinée était la lessive du navire et je viens de rentrer avec une montagne de draps frais. Pendant que je les suspends pour les faire sécher au soleil des Caraïbes, mes équipiers s'affairent à effectuer l'entretien du navire au son d'un reggae Roots. Derrière moi, j'entends des salutations françaises et un visiteur aidé à monter à bord. Je me retourne pour offrir un sourire et je suis un peu pris en arrière. Elle se tient debout sur la terrasse en bois, regardant la scène, essuyant les larmes de ses yeux.

En vivant sur ce navire, il est facile de devenir un peu aveugle. En mer pour la traversée, pendant près de trois semaines le navire, la mer et le ciel étaient le monde entier. Il semblait naturel que la coque soit en bois, que le mât de misaine accueille quatre voiles carrées, que la proue soit ornée de flammes de chêne sculptées, qu'il n'y ait pas de moteur. Il est devenu normal de passer un moment à la barre pour remarquer un nouveau détail dans la sculpture sur bois complexe et onirique derrière ma tête. Le fait que nous naviguions souvent à 10 nœuds à l'ombre de 16 voiles gonflées était logique.

Mais au port, grâce à nos visiteurs, j'ai eu le cadeau de revoir le navire comme pour la première fois. Cela m'a rappelé que ce bateau, sa forme, son gréement, son métier, sa logique ne sont pas si banals. Que la beauté qui m’entoure depuis que j’ai commencé à travailler sur les Tres Hombres n’est pas si facile à trouver. Le navire émane des heures de travail et d’amour qui y sont consacrés quotidiennement.

Il s’avère que notre visiteuse avait très bien chronométré sa visite. Alors qu'elle avait fini de regarder autour d'elle et de discuter avec certains membres de l'équipage, d'autres vidaient le moscatel d'un des tonneaux, laissé là pour éviter qu'il ne sèche pendant le voyage. Ensemble, nous avons dégusté un copieux déjeuner et un verre de vin de Baiona, car de plus en plus de visiteurs étaient attirés par ce navire magique.

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