Dans le vaste océan Atlantique se trouve le secret de la force d’esprit. Un cadeau disponible pour qui a quitté le rivage et tout sait. Un côté de la voile qu'apprécie véritablement ceux qui ont vu l'autre. Sans contrastes dans la vie, nous nous habituons facilement même aux choses les plus magiques.
Nous avons commencé la traversée il y a 16 jours. Nous sommes désormais à plus de la moitié du chemin. Entre-temps, la vie a complètement changé. Nous sommes passés du mode survie à la vie réelle. Je veux dire, littéralement, nos filets de sécurité sont désormais principalement utilisés pour faire sécher nos vêtements.
Je ressens la paix. Une paix qui découle de la simplicité de la vie à bord et du contact constant avec la nature. Nous cuisinons, nous nettoyons, nous réparons, nous naviguons. Nous dormons, nous mangeons, nous parlons, nous regardons. Nous avons rendu les choses si complexes sur terre. Tant de soucis, tant de choses abstraites. Nous sommes devenus esclaves de choses censées nous libérer. E-mails, téléphones portables, biens, argent. La vie ici semble plus réelle et concrète. Rien ne me manque, même si j'en ai si peu. J'ai une existence pleine de sens. Mon objectif est de nourrir 15 personnes. Pourtant, c’est une oasis qui dérive à nouveau vers le rivage. On ne peut pas rester éternellement dans la mer, aliéné ; mais on pourrait essayer de rapporter chez soi cette connaissance et cette quête d'une vie simple, et se rappeler ce qui était important et ce qui était superflu. On pourrait approfondir ses vieilles habitudes et dépendances, comprendre d’où elles viennent et peut-être s’en libérer.
Bonne année!
Soraïa