La houle devient grosse. Le soleil tente d'apparaître avec des touches arc-en-ciel.
La mer se pare d'un bleu océan indescriptible et l'écume murmure après notre passage.
Nous avons croisé des cargos traversant Gibraltar. Deux d'entre eux nous ont d'ailleurs fait part de leur souhait de modifier leur cap sans savoir que nous sommes un voilier sous voiles. Ils ont été surpris, oui, c'est ce que nous faisons aujourd'hui en nous jetant dans cette coquille gigantesque et solide. Maintenant, entre Madère et le Maroc, cela semble exotique.
Vers 16 heures ce matin, la grand-voile est repliée et j'ai eu le sentiment que la grand-voile avait aussi besoin d'un peu d'attention. Il a donc décidé d'ouvrir sa couture. 60 cm à recoudre à la main, quelques caresses. Je voulais qu'il reste en un seul morceau encore quelques jours pour nous aider à naviguer plus au sud.
Voici un monde où l'on répare les choses lorsque le bois, la corde, le métal, le tissu sont sur le point de se briser. Nous avions besoin de tout. Le maquillage ne dure pas trop longtemps…
Chaque montre a sa routine avec des friandises et des sandwichs pour ravitailler le corps et l'esprit.
Nous hissons un drapeau FT au sommet du mât… non pas que nous cherchions à attirer l'attention du public pour des raisons commerciales, mais seulement pour voir d'où vient le vent là-haut. Il reste courageusement accroché aux bâtons sur des kilomètres et des kilomètres maintenant. Dans le calme ou dans les tempêtes, il est là, utilisé par les UV, les embruns salés et l'air tranquille. Bientôt, nous ne verrons plus qu’un « I » de ce drapeau.
Petite fête à bord aujourd'hui pour les citoyens néerlandais : Sinterklaas. Merci à Sabine et Joop d'avoir fourni des lettres en chocolat le jour de notre départ de Den Helder. Vous avez fait même plaisir à 15 marins, même si la moitié d'entre nous ne fête pas cette journée d'habitude.
D’ailleurs, nous sommes prêts à accueillir d’autres baleines…
Anne Flore